F31.3 – Agonie du Christ à Gethsémani / Bible Nouveau-Testament
Mt 26,36-46 :
36 Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais là-bas pour prier. »
37 Il emmena Pierre, ainsi que Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée, et il commença à ressentir tristesse et angoisse.
38 Il leur dit alors : « Mon âme est triste à en mourir. Restez ici et veillez avec moi. »
39 Allant un peu plus loin, il tomba face contre terre en priant, et il disait : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. »
40 Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis ; il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi ?
41 Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
42 De nouveau, il s’éloigna et pria, pour la deuxième fois ; il disait : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! »
43 Revenu près des disciples, de nouveau il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil.
44 Les laissant, de nouveau il s’éloigna et pria pour la troisième fois, en répétant les mêmes paroles.
45 Alors il revient vers les disciples et leur dit : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. Voici qu’elle est proche, l’heure où le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs.
46 Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
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Questions :
Commentaire :
Le récit présente Jésus de façon inhabituelle. Avant et après le moment d’angoisse, il est calme. En outre c’est la seule fois qu’il cherche compagnie et soulagement, qu’il souhaite une proximité avec ses apôtres tout en prenant ses distances. Cela ne signifierait-il pas que tout ce qu’il va vivre est profondément nôtre tout en étant à lui ? En ce soir donc, il sera seul humainement puisque les disciples dorment (vv. 40.43.45), alourdis par la tristesse, incapables d’entrer dans ce scandale que représente pour eux la venue d’un Messie souffrant. Jésus, seul, entre en dialogue avec son Père dans une attitude de foi totale. Il laisse paraître, d’une part, le trouble qui l’étreint à une heure décisive et, d’autre part, sa volonté d’être disponible, en soumettant et en s’abandonnant, face à la dure et cruelle réalité du péché, de la mort imminente, cette coupe imbuvable.
Jésus s’adresse au Père qui l’exauce toujours ; or, paradoxalement, à l’agonie, sa prière ne sera pas exaucée selon le désir exprimé. Ce que demande le Fils semble incompatible avec la volonté du Père. Le Père et le Fils sont dans un certain désaccord, un écart, mais l’entente de fond n’est pas touchée. Le drame est infini ; il est de l’ordre du mystère. Et tout se déroule sous le signe de l’amour. De l’amour du Père sans lequel, le Fils n’est plus rien. Et de l’amour du Fils pour ses disciples et pour nous, pour qui il va jusqu’au bout dans la fidélité. Jésus s’abandonne totalement à la volonté du Père : « non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux ». Et en même temps aux décisions de l’homme. Il nous montre ainsi le vrai chemin de liberté : accepter librement, ce que l’on ne peut pas choisir.