F37.5 – Couronnement d’épine – Moquerie / Interprétation

Comme Cham son fils, se moqua de Noé qui dormait nu dans sa tente et ses autres fils ne voulant pas voir cela, le couvrirent. Ainsi Jésus-Christ, est couronné d’épine par les juifs pour se moquer comme des fils infidèles.

Le récit de la nudité de Noé en Genèse 9, 20-27 et le couronnement d’épines de Jésus sont liés par des thèmes d’humiliation, de respect pour la dignité humaine, et de rétablissement de l’honneur malgré les apparences extérieures. Noé et Jésus sont des figures d’autorité exposées à la honte, l’un par sa vulnérabilité humaine, l’autre par la cruauté des hommes, mais dans les deux cas, leur dignité et leur autorité ultime sont rétablies. Le couronnement d’épines révèle la profondeur de l’amour de Jésus, qui accepte l’humiliation pour sauver l’humanité, transformant la honte en acte rédempteur.

1. L’humiliation de la figure respectée

  • Noé : Après avoir sauvé l’humanité et la création à travers le déluge, Noé, le patriarche, se retrouve dans une situation d’humiliation et de vulnérabilité, exposé dans sa nudité à cause de son enivrement. Cham ne respecte pas cette vulnérabilité et expose la nudité de son père, accentuant l’humiliation de Noé. Ce manque de respect contraste avec l’attitude de Sem et Japhet, qui choisissent de couvrir leur père, montrant ainsi leur respect pour sa dignité.
  • Jésus : Lors du couronnement d’épines, Jésus est moqué, frappé et revêtu d’un manteau de pourpre en signe de dérision de sa prétention à la royauté. Bien qu’il soit innocent et se trouve dans une position de faiblesse, il est tourné en ridicule de manière cruelle par les soldats romains, qui cherchent à rabaisser sa dignité. Jésus incarne ici une royauté spirituelle et divine que les bourreaux ne reconnaissent pas, et qui contraste fortement avec l’humiliation publique qu’il endure.

Dans les deux cas, une figure d’autorité (Noé comme patriarche et Jésus comme roi messianique) est humiliée par d’autres qui refusent de lui accorder le respect dû.

2. Le contraste entre honte et respect

  • Cham vs Sem et Japhet : Cham choisit de mettre en évidence la honte de son père, tandis que Sem et Japhet lui montrent du respect en le couvrant sans regarder. Leur attitude révèle une profonde sensibilité et compassion, mettant en contraste leur respect de la dignité paternelle avec l’irrespect de Cham.
  • Les soldats vs Jésus : Dans le couronnement d’épines, les soldats ne montrent aucun respect pour Jésus et se livrent à des actes de dérision et de cruauté gratuite. La patience de Jésus, qui reste silencieux face à cette humiliation, révèle sa royauté intérieure et sa dignité, même dans la souffrance. En contraste avec les soldats, il incarne une dignité qui dépasse l’apparence extérieure de sa faiblesse.

Ce contraste montre comment la dignité d’une personne est révélée non seulement par son statut ou son apparence extérieure, mais aussi par son attitude et par la manière dont les autres choisissent de la traiter.

3. Symbolique du péché et de la rédemption

  • Noé et la faute humaine : Le passage de Noé révèle la vulnérabilité de l’être humain, même dans les figures de foi, et comment cette faiblesse est parfois exploitée de manière honteuse par les autres. La malédiction de Canaan rappelle aussi que les fautes, comme le manque de respect pour la dignité humaine, ont des répercussions spirituelles et sociales.
  • Jésus et la rédemption : Jésus, par son acceptation silencieuse de l’humiliation, prend sur lui les péchés du monde, y compris les offenses à la dignité humaine, symbolisées ici par la moquerie et la dérision. Le couronnement d’épines devient ainsi un acte de rédemption, où Jésus, portant l’humiliation, transforme cette douleur en un chemin vers le salut.

Dans ce contexte, le récit de Noé montre comment les attitudes de moquerie et de manque de respect révèlent la rupture dans les relations humaines due au péché, tandis que le couronnement d’épines montre comment Jésus porte et transforme ces attitudes de péché par sa propre humiliation pour offrir le pardon.

4. L’autorité spirituelle voilée

  • Noé : Dans sa nudité et son exposition, Noé est un patriarche qui se retrouve vulnérable, mais son autorité est ensuite rétablie par la bénédiction qu’il accorde à Sem et Japhet, et la malédiction qu’il prononce sur Canaan. Bien que faible à un moment donné, il retrouve une position d’autorité spirituelle.
  • Jésus : Pendant le couronnement d’épines, l’autorité spirituelle de Jésus est voilée par l’humiliation et la souffrance, mais sa véritable royauté est confirmée par sa résurrection. Le couronnement d’épines devient alors une étape vers l’affirmation de sa royauté éternelle, que les soldats n’ont pas su reconnaître.

Les deux récits montrent donc une autorité spirituelle qui semble voilée ou diminuée par l’humiliation mais qui est, en fin de compte, restaurée par la dignité et la fidélité à Dieu.

Comme le prophète Élisée lorsqu’il descendit de la montagne rencontra des enfants qui l’interpellèrent et se moquèrent de lui en disant :  » monte tondu, monte tondu! « . Ainsi les enfants, les juifs lors du couronnement d’épines et la flagellation de Jésus, se moquèrent de lui .

Le lien entre 2R 2,23-24 (2 Rois 2,23-24) et le couronnement d’épines de Jésus réside dans une certaine résonance symbolique liée au mépris et au rejet, ainsi qu’à l’humiliation publique.

Dans 2 Rois 2,23-24, l’histoire raconte comment le prophète Élisée, après avoir quitté Jéricho, est insulté par un groupe de jeunes gens qui se moquent de lui en l’appelant « homme chauve ». En réponse à ces moqueries, Élisée les maudit au nom de Dieu, et deux ours surgissent et dévorent 42 d’entre eux. Cet événement met en lumière la grave conséquence du mépris envers un prophète de Dieu et illustre un jugement divin qui frappe ceux qui rejettent l’autorité de l’homme de Dieu.

Le couronnement d’épines de Jésus (notamment dans Matthieu 27,29, Marc 15,17, et Jean 19,2) se situe dans le contexte de la Passion de Jésus. Après avoir été condamné à la crucifixion, Jésus est moqué par les soldats romains qui lui mettent une couronne d’épines sur la tête pour le tourner en dérision, le présentant ainsi comme un « roi » dénigré et humilié. Ce geste symbolise le rejet de Jésus et de sa royauté spirituelle par les autorités.

Le lien symbolique entre ces deux passages réside donc dans l’humiliation des figures de Dieu : d’une part, Élisée, un prophète de l’Ancien Testament, est insulté et moqué par un groupe de jeunes gens ; d’autre part, Jésus, le Christ et Fils de Dieu, est ridiculisé et humilié par les soldats romains. Dans les deux cas, un jugement divin, ou une forme de sanction, peut être perçu à travers le rejet et l’humiliation subis par ces figures religieuses.

Le contraste entre la moquerie de l’Ancien Testament (la moquerie envers Élisée) et celle du Nouveau Testament (la moquerie envers Jésus) souligne un passage du jugement divin, représenté de manière différente mais d’une manière qui amène à réfléchir sur le sérieux du mépris envers les envoyés de Dieu. Jésus, à travers son sacrifice et son humiliation, incarne un jugement plus profond qui dépasse la simple vengeance et se tourne vers le salut et la rédemption.