F40.5 – Jésus crucifié / Interprétation

Comme un ange descendit du ciel lorsque Abraham étendit le couteau pour sacrifier son fils Isaac et l’empêcha par ces paroles : « N’étends pas la main sur l’enfant ! » Ainsi le père céleste,  sacrifie son fils Jésus sur la croix pour nous tous, afin de donner un signe de son amour.

Caïn est jaloux de son frère et n’est pas capable de dompter la colère qui monte en lui et le conduit au meurtre.
Ainsi les responsables des juifs ne sont pas capables de reconnaître et d’accueillir la véritable identité de Jésus, le fils de Dieu. Ils laissent leur Loi le condamner à une mort injuste.

Le lien entre Genèse 4,6-12 et la crucifixion de Jésus réside dans le thème de l’innocence tuée, du sang versé, et du cri de la justice divine. Cependant, là où le meurtre d’Abel entraîne une malédiction et appelle la vengeance, la mort de Jésus sur la croix inaugure une nouvelle ère de pardon et de réconciliation. Le sang de Jésus répond au sang d’Abel en offrant une voie de salut et de miséricorde, transformant le cri de justice en une promesse de rédemption pour l’humanité entière.

Le lien entre Genèse 4,6-12, qui raconte le meurtre d’Abel par son frère Caïn, et la crucifixion de Jésus se trouve dans les thèmes de la jalousie, de l’innocence injustement tuée, du sang versé, et du message de justice qui découle de ces actes violents. Voici comment ces éléments relient le récit de Caïn et Abel à la Passion de Jésus :

1. L’innocence tuée injustement

  • Dans Genèse 4, Abel est innocent et n’a rien fait pour mériter la mort. Son seul « crime » aux yeux de Caïn est d’avoir trouvé grâce auprès de Dieu par son offrande. La jalousie de Caïn le pousse à tuer son propre frère de manière injuste, en agissant de manière égoïste et violente.

  • Jésus, également innocent, est mis à mort sans justification, et ce sont les chefs religieux, par jalousie ou crainte de perdre leur autorité, qui le livrent pour être crucifié. Pilate reconnaît lui-même que Jésus est sans faute (Luc 23,4), mais il est malgré tout condamné. La crucifixion de Jésus est donc, comme la mort d’Abel, le meurtre d’un innocent victime de l’injustice humaine.

2. La jalousie et la haine des autorités

  • Dans le récit de Caïn et Abel, la jalousie de Caïn est l’élément déclencheur de la violence. Il est en colère parce que Dieu a favorablement accueilli l’offrande d’Abel et non la sienne, et cette jalousie le conduit au meurtre.

  • Dans la Passion de Jésus, les chefs religieux et certains membres du peuple éprouvent une sorte de jalousie et de ressentiment envers Jésus. Il est populaire auprès du peuple, enseigne avec autorité, et critique les pratiques des autorités religieuses. Ce ressentiment les pousse à comploter contre lui et à le livrer à Pilate pour être crucifié. La jalousie, tout comme dans le cas de Caïn, conduit à la mort de l’innocent.

3. Le sang versé et le cri de la justice

  • Dans Genèse 4,10, Dieu dit à Caïn : « Le sang de ton frère crie vers moi depuis la terre ». Le sang d’Abel, versé injustement, est présenté comme un appel à la justice, et Dieu ne peut pas ignorer ce cri. Cela montre que le sang innocent appelle la justice divine.

  • Dans la crucifixion de Jésus, son sang versé est aussi un acte qui appelle à la justice. Mais alors que le sang d’Abel appelle la justice pour condamner le coupable, le sang de Jésus ouvre une nouvelle voie, celle du pardon et de la réconciliation. Comme le dit l’Épître aux Hébreux, le sang de Jésus « parle mieux que celui d’Abel » (Hébreux 12,24), car au lieu de crier pour la vengeance, il crie pour le pardon de l’humanité.

4. La malédiction de la terre et la rédemption du monde

  • Après le meurtre d’Abel, Dieu maudit Caïn et la terre devient stérile pour lui (Gn 4,11-12). Ce passage montre que le péché a des conséquences sur toute la création, car la violence et l’injustice ont des effets durables sur la terre.

  • Dans la mort de Jésus, le thème de la rédemption de toute la création apparaît. Par sa crucifixion et son sacrifice, Jésus prend sur lui les péchés de l’humanité et offre une voie de réconciliation, non seulement pour l’homme, mais pour toute la création (Romains 8,19-21). Là où le meurtre d’Abel entraîne une malédiction sur la terre, la mort de Jésus sur la croix devient un acte rédempteur qui apporte bénédiction et réconciliation.

5. La question de la responsabilité et du repentir

  • Dans Genèse 4,9, Dieu demande à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Ce questionnement vise à amener Caïn à prendre conscience de son acte et à se repentir, mais il refuse et nie sa responsabilité avec la fameuse phrase : « Suis-je le gardien de mon frère ? » Cela met en évidence l’endurcissement de Caïn et son refus de reconnaître sa faute.

  • Dans le contexte de la Passion de Jésus, bien que Judas et Pierre aient trahi ou renié Jésus, chacun réagit différemment. Judas se désespère et ne trouve pas le repentir, tandis que Pierre pleure amèrement et se repent sincèrement. La crucifixion devient ainsi un miroir de l’appel à la responsabilité et au repentir, montrant que la réconciliation avec Dieu est possible pour ceux qui reconnaissent leur faute.

Le Seigneur veut libérer son peuple des morsures des serpents, il ordonne à Moïse de dresser un serpent semblable en airain, ainsi tous ceux qui regardent le serpent sont libérés des morsures des serpents. Voir Jn 3,14, p. 120
Le serpent dressé sur le bois est une préfiguration du Christ crucifié sur la croix. Ainsi tous ceux qui le contemplent, avec foi, sont sauvés.

Le lien entre Nombres 21,6-9 et la crucifixion de Jésus réside dans l’idée du salut offert par Dieu à travers un acte de foi : de même que le serpent d’airain élevé dans le désert guérit ceux qui le regardent, Jésus élevé sur la croix devient le moyen de salut pour ceux qui croient en lui. Le serpent et la croix, tous deux paradoxalement associés à la malédiction et à la mort, deviennent, par la volonté de Dieu, des symboles de guérison et de vie pour ceux qui s’en approchent avec foi.

Le lien entre Nombres 21,6-9, le récit du serpent d’airain que Moïse élève dans le désert pour guérir les Israélites mordus par des serpents venimeux, et la crucifixion de Jésus se trouve dans le symbole du salut et de la guérison par un acte de foi. Voici les points qui relient ces deux événements :

1. Le serpent élevé comme moyen de guérison et la croix comme moyen de salut

  • Dans Nombres 21, les Israélites, après avoir murmuré contre Dieu et Moïse, sont mordus par des serpents venimeux qui provoquent des morts dans le camp. Dieu demande à Moïse de fabriquer un serpent en bronze et de l’élever sur un poteau : tous ceux qui le regarderont avec foi seront guéris de leur morsure.

  • Dans l’Évangile de Jean, Jésus fait un parallèle direct entre le serpent d’airain et sa propre crucifixion : « De même que Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle » (Jean 3,14-15). La croix devient ainsi un instrument de salut spirituel : comme les Israélites sont guéris par leur regard de foi vers le serpent, les croyants reçoivent la vie éternelle en regardant vers Jésus crucifié, c’est-à-dire en croyant en lui.

2. La guérison et la rédemption par la foi

  • Dans le récit de Nombres, il ne suffit pas pour les Israélites de simplement reconnaître le serpent d’airain ; ils doivent le regarder avec foi pour être guéris. Cela représente un acte de confiance dans le remède que Dieu a choisi, même si cela semble paradoxal (un serpent pour guérir des morsures de serpents).

  • De même, la crucifixion de Jésus demande un acte de foi de la part des croyants. Jésus crucifié devient le moyen par lequel Dieu offre le salut, et la foi en ce sacrifice est nécessaire pour recevoir la rédemption et la guérison spirituelle. La croix, signe de malédiction et de mort, devient paradoxalement le moyen de guérison et de vie.

3. Le serpent, symbole du péché, et Jésus qui porte le péché du monde

  • Le serpent est traditionnellement un symbole de mal et de péché, en lien avec la tentation dans le jardin d’Éden. Pourtant, dans ce passage de Nombres, le serpent en bronze élevé sur le poteau devient le moyen de guérison. C’est comme si le symbole du mal et de la mort devenait, par l’intervention divine, un moyen de salut.

  • Jésus, selon le Nouveau Testament, porte le péché du monde en montant sur la croix. Bien qu’il soit sans péché, il assume les conséquences du péché humain en se livrant à la mort. Ainsi, tout comme le serpent représente le mal tout en offrant la guérison, Jésus, en portant nos péchés, apporte le salut et la vie à ceux qui croient en lui. La croix, symbole de la malédiction, devient ainsi un instrument de grâce.

4. Le don de la vie éternelle par la foi

  • Le serpent d’airain procure une guérison physique et temporaire pour les Israélites, leur permettant de survivre à la morsure des serpents.

  • En revanche, la crucifixion de Jésus apporte une guérison spirituelle éternelle. En croyant en Jésus crucifié, les croyants reçoivent le don de la vie éternelle. Là où le serpent d’airain préfigure une guérison temporaire, Jésus crucifié offre un salut définitif et une vie qui dépasse la mort.

5. Un acte de rédemption offert par Dieu pour le peuple

  • Dans le désert, le serpent d’airain est offert comme un acte de miséricorde par Dieu. Bien que les Israélites aient péché et provoqué la colère divine, Dieu leur offre un moyen de guérison pour qu’ils échappent à la mort.

  • De la même manière, la crucifixion de Jésus est un acte de miséricorde par lequel Dieu offre le salut à toute l’humanité. Bien que les hommes soient pécheurs, Dieu envoie son Fils pour mourir à leur place, leur offrant ainsi la réconciliation et la vie. La croix devient l’ultime expression de l’amour et de la miséricorde divine.