A1. L’Annonciation à Marie / Interprétation

Les passages de Luc 1,26-38 (l’Annonciation à Marie) et Genèse 3,1-24 (la chute de l’homme) sont liés par des thèmes de péché, de rédemption et d’obéissance dans l’histoire du salut.

  1. Le rôle de la femme : Dans Genèse, la femme (Ève) joue un rôle central dans la chute de l’humanité en cédant à la tentation. À l’inverse, dans Luc, Marie, la femme, est appelée à jouer un rôle central dans la rédemption, en acceptant l’appel de Dieu pour devenir la Mère du Sauveur. Marie répond par l’obéissance, ce qui contraste avec la désobéissance d’Ève.
  2. La promesse de salut : Dans Genèse 3,15, après la chute, Dieu annonce la venue d’un « descendant de la femme » qui écrasera la tête du serpent (symbole de Satan), marquant la première promesse de rédemption. Dans Luc 1,26-38, l’Annonciation de l’ange Gabriel à Marie annonce l’accomplissement de cette promesse, Jésus, qui viendra sauver l’humanité.
  3. Obéissance à la parole de Dieu : La désobéissance d’Ève dans Genèse est une des causes du péché originel, tandis que l’obéissance de Marie dans Luc, en acceptant de porter le Fils de Dieu, marque le début de la restauration de l’humanité.

En résumé, ces deux passages montrent le contraste entre la chute originelle, marquée par le péché de la femme (Ève), et l’acceptation de la mission divine par Marie, qui inaugure la rédemption. Marie, par son oui, joue un rôle central dans le plan divin de salut, inversant en quelque sorte les conséquences du péché originel.

Les passages de Luc 1,26-38 (Annonciation à Marie) et Juges 6,37-40 (le signe de Gédéon) sont liés par des thèmes d’incrédulité initiale, de signes divins et de réponse de foi.

  1. Signe divin et confirmation de la volonté de Dieu :
    Dans Juges 6,37-40, Gédéon demande à Dieu de lui donner un signe pour confirmer sa mission, en plaçant un voile de laine humide tout en demandant que la terre autour soit sèche, et vice-versa. Dieu lui répond par un signe clair. De manière similaire, Marie dans Luc 1,26-38 reçoit un message divin concernant sa conception miraculeuse de Jésus, et bien que Marie ne doute pas explicitement comme Gédéon, elle se pose une question (« Comment cela se fera-t-il ? ») pour comprendre le plan divin. Dans les deux cas, un signe est donné pour affirmer la volonté de Dieu.
  2. Réponse de foi :
    Gédéon, après avoir reçu les signes, accepte son rôle de libérateur d’Israël. De même, Marie, après avoir reçu l’explication divine de l’ange, accepte humblement de devenir la Mère du Sauveur, affirmant sa foi en disant : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »
  3. Rôle de médiateur choisi par Dieu :
    Dans les deux récits, Dieu choisit un individu pour accomplir un plan divin majeur : Gédéon pour libérer Israël et Marie pour porter le Messie.

En résumé, ces deux passages montrent comment des signes divins sont donnés à des personnages clés pour confirmer leur mission, avec une réponse de foi qui joue un rôle central dans le déroulement du plan divin.

Les passages de Luc 1,26-38 (l’Annonciation à Marie) et Genèse 17,15-19 (la promesse de la naissance d’Isaac) partagent des thèmes de promesse divine, de consécration d’un enfant à Dieu et d’un rôle de médiation divine à travers une naissance miraculeuse.

  1. Promesse divine et naissance miraculeuse : Dans Genèse 17,15-19, Dieu promet à Abraham et Sara qu’ils auront un fils, Isaac, bien que Sara soit âgée et stérile. De manière similaire, dans Luc 1,26-38, l’ange annonce à Marie qu’elle concevra un enfant par l’Esprit Saint, bien qu’elle soit vierge. Dans les deux cas, une promesse divine est faite concernant une naissance qui semble impossible selon les lois naturelles.
  2. Rôle d’un enfant consacré à Dieu : Isaac, le fils promis à Abraham et Sara, est destiné à être une partie essentielle du plan de salut de Dieu pour Israël, tout comme Jésus, l’enfant promis à Marie, est destiné à être le Sauveur du monde. Les deux enfants ont un rôle unique dans l’accomplissement de l’Alliance divine.
  3. Obéissance et foi : Abraham et Sara croient en la promesse de Dieu, bien que cela semble difficile à croire en raison de leur âge. De même, Marie accepte humblement le plan de Dieu pour sa vie en répondant avec foi et obéissance à l’appel de l’ange.

En résumé, les deux passages illustrent la fidélité de Dieu à ses promesses, l’accomplissement de son plan divin à travers des naissances miraculeuses, et l’importance de la foi et de l’obéissance des personnes choisies pour réaliser cette œuvre divine.

L’enjeu de l’interprétation du lien entre les 2 récits de l’A.T. :

  • Adam et Eve qui transgressent l’interdit de Dieu en se laissant séduire par le serpent, symbole du mal en étant chassé du jardin
  • Gédéon qui met à l’épreuve Dieu avec la toison (symbole du coeur pur) et la rosée (symbole de la Parole de Dieu)

Nous met sur la piste du sens de la virginité de Marie :

Marie ne répond pas seulement comme Abraham, elle accueille cette Parole au plus profond d’elle-même dans la liberté intangible de son cœur. Il y a donc en Marie symbiose parfaite entre les deux libertés divine et humaine et donc réconciliation profonde à l’interdit transgressé par Eve et Adam. Cette unité profonde abouti à l’incarnation de la Parole, du Verbe, la naissance de Jésus. Car l’engagement de notre liberté est lié à l’engagement de notre corps. Et pour le signifier de manière profonde Marie est restée Vierge, car Dieu ne viole pas notre liberté mais vient l’accomplir. La virginité est n’est donc pas d’abord une affaire sexuelle et corporelle, mais avant tout l’expression de l’unité originelle de l’homme dont la liberté est tout entière tendue vers l’accomplissement du désir, du plaisir, de la volonté de Dieu.

Le propre de la maternité est d’enfanter et porter en son sein celui qui vient au monde. Marie porte en son sein toute la foi et toute l’Espérance de toute l’humanité. Elle vient révéler la nature profonde de l’homme tout entier tendu vers la grâce : la nature humaine étant promise à cette grâce si l’homme acquiesce en toute liberté ; c’est la symbiose de la double liberté (humaine et divine), qui s’accomplit en Jésus, vrai Dieu et vrai homme, enfanté par l’action de l’Esprit-Saint (« Il l’a couvre de son ombre ») et mis au monde par Marie.

En ce sens Marie est proprement la mère de tous les croyants, et non plus symboliquement comme chez Abraham. Marie n’est pas une figure, un archétype (comme Abraham) elle est réellement l’humanité promise à son Seigneur et réalisée en Jésus-Christ.

Il faut bien préciser encore que la maternité et la paternité sont de l’ordre de la création. En Dieu puissance et acte son un. Dieu le Père est à la fois maternel et paternel. Mais dans la représentation (forcément toujours analogique, comme tout langage de foi), Dieu est Père et l’humanité toute entière est accueil, maternelle, dans une relation époux (le Christ) et épouse (l’Eglise) cf. Ep 5,5ss. Ainsi seule la maternité peut être réelle pour l’homme en l’occurrence en Marie.

La virginité est la perspective originelle : Dieu nous a créé pour répondre oui à son plan d’Amour, vierge de tout refus, de toute transgression, de toute faute, de tout péché, et donc de toute mort.

De fait la virginité perpétuelle de Marie vient donner son sens profond au dogme de l’immaculée conception. Le oui de Marie vient combler l’absence de consentement de la créature envers son créateur depuis les origines : Eve et Adam ont transgressé dès le départ l’interdit de Dieu, la différence ontologique entre Dieu le créateur et l’homme la créature.

Marie n’a pas eu part au « non » du péché originel. Elle est toute entière oui à Dieu avec son esprit, son âme, son moi et son corps, dans un abandon et une confiance totale. Elle est ce oui indispensable – de par la volonté prédestinante de Dieu – qui permet à la parole divine de devenir chair parmi nous, pour notre salut (LG 8,56).

La Vierge noire

Vierge Marie
Femme sacrée au cœur pur
Femme debout, vierge noire
Au bassin solide, à la terre riche
L’enfant divin germe en ton sein
Ton oui! Libre, courageux
Un saut dans l’inconnu, dans l’espérance
Un accueil et une ouverture inébranlables
Pour cet enfant de la contradiction
Femme entière armée de respect et de fidélité
Tu engendres un nouveau devenir de femme et de mère.

Poème inédit, 2010