F29.5 – Dernière Cène / Interprétation

Dans le désert, la longue marche pour former le peuple de Dieu, suscite après l’épreuve de la soif, l’épreuve de la faim. Ce qu’ils reçoivent, c’est une question (« manouh » = qu’est-ce que c’est ?). C’est aussi une mise à l’épreuve. D’une part, chacun ne peut recueillir que ce qu’il lui faut pour le jour même, sous peine de voir celle-ci se corrompre ; à chacun donc selon sa faim, sans possibilité d’accumuler. D’autre part, en vue du sabbat, « jour de repos consacré au Seigneur », la réserve doit être faite la veille.
Enfin il sera fait mémoire de ce don de Dieu pour que les générations à venir voient cette manne : c’est la célébration du repas de la Pâque juive.

Ce parallèle montre que Jésus, par son sacrifice à la croix, réalise ce que Melchisédek ne faisait qu’annoncer de manière symbolique : un sacrifice qui réconcilie pleinement l’humanité avec Dieu.

1. Melchisédek dans la Bible

Melchisédek est présenté dans la Genèse (14:18-20) comme le roi de Salem (probablement Jérusalem) et prêtre du Dieu Très-Haut. Il rencontre Abraham après la victoire de ce dernier sur les rois ennemis et lui offre du pain et du vin tout en bénissant Abraham. Ce passage est très court, mais il est riche en significations théologiques. Melchisédek est un personnage unique, sans généalogie mentionnée dans la Bible, et son rôle de prêtre et de roi préfigure de manière symbolique Jésus-Christ, qui sera à la fois roi et prêtre dans la tradition chrétienne.

2. Le lien théologique avec Jésus-Christ

Dans le Nouveau Testament, notamment dans la lettre aux Hébreux (Hébreux 7), Melchisédek est souvent interprété comme un type (une figure préfigurant) de Jésus-Christ. L’auteur de l’épître souligne que Jésus, en tant que prêtre, n’appartient pas à la lignée sacerdotale d’Aaron (comme le veulent les traditions juives), mais qu’il est prêtre « selon l’ordre de Melchisédek » (Hébreux 7:17). Cela signifie que le sacerdoce de Jésus est différent et supérieur à celui des prêtres de l’Ancien Testament. Jésus incarne à la fois le roi et le prêtre parfait, tout comme Melchisédek.

3. La Dernière Cène et le sacrifice de Jésus

Lors de la Dernière Cène, Jésus, en instituant l’Eucharistie, prend le pain et le vin, les bénit et les distribue en disant : « Ceci est mon corps » et « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle. » Ces éléments — le pain et le vin — sont des symboles du sacrifice qu’il va accomplir sur la croix le lendemain, lorsqu’il offrira sa vie pour le salut de l’humanité. Jésus, comme Melchisédek, agit en prêtre et roi en offrant un sacrifice, mais son sacrifice est ultime et rédempteur.

4. Le pain et le vin : un parallèle

Le lien concret entre Melchisédek et la Dernière Cène est particulièrement marqué par l’usage du pain et du vin. Lors de sa rencontre avec Abraham, Melchisédek offre du pain et du vin, symbolisant la communion avec Dieu et la bénédiction divine. De même, lors de la Dernière Cène, Jésus utilise le pain et le vin pour établir la Nouvelle Alliance, une alliance fondée sur son sacrifice et sa rédemption. Le pain et le vin, dans l’Eucharistie, sont les signes du corps et du sang du Christ, tout comme le pain et le vin de Melchisédek symbolisaient la bénédiction et la communion avec Dieu.

5. Un sacrifice récurrent et parfait

En résumé, le lien entre Melchisédek et la Dernière Cène réside dans la typologie biblique, où Melchisédek représente un modèle de prêtre et de roi, et où son offrande de pain et de vin préfigure le sacrifice ultime de Jésus-Christ. Melchisédek offre une bénédiction en pain et vin, et Jésus, en instituant l’Eucharistie, transforme ces éléments en un acte de sacrifice rédempteur, inaugurant ainsi une nouvelle alliance entre Dieu et l’humanité.

Comme le Seigneur ordonna à Moïse au peuple de récolter la manne suffisante pour un jour; ainsi Jésus donne le pain quotidien son propre corps et son sang en disant à ses apôtres : « prenez et mangez….. ».

Le don de la manne et la Sainte Cène sont liés par leur fonction symbolique : tous deux sont des repas qui rappellent la provision divine et sont associés à la vie spirituelle. Tandis que la manne nourrissait le peuple d’Israël dans le désert, la Sainte Cène nourrit les croyants spirituellement, en les unissant au Christ. Jésus lui-même a établi ce lien en se déclarant le « pain de vie » dans l’Évangile de Jean, nous invitant à le recevoir pour la vie éternelle, tout comme les Israélites ont reçu la manne pour leur survie terrestre.

Le lien entre le don de la manne au désert et la Sainte Cène réside dans les symboles et les enseignements spirituels que ces deux événements véhiculent dans la tradition chrétienne. Ces deux moments sont associés à l’idée de la provision divine, de la nourriture spirituelle, et de la communion entre Dieu et son peuple. Voici quelques points clés qui relient ces deux événements :

1. La manne : un symbole de la nourriture donnée par Dieu

Dans l’Ancien Testament, le don de la manne au peuple d’Israël pendant leur errance dans le désert est décrit dans le livre de l’Exode (Exode 16). Après leur sortie d’Égypte, les Israélites se retrouvent dans un désert sans ressources, et Dieu leur envoie de la manne, une substance mystérieuse qu’ils peuvent manger pour subsister. Ce don est vu comme un acte de la providence divine, qui veille sur son peuple et pourvoit à ses besoins matériels, même dans les moments de grande difficulté.

2. La Sainte Cène : un repas spirituel

Dans le Nouveau Testament, la Sainte Cène, également appelée l’Eucharistie, est un repas institué par Jésus lors de la dernière Cène avec ses disciples avant sa crucifixion. Lors de ce repas, Jésus prend le pain, le bénit, et déclare que ce pain est son corps donné pour eux, et il prend le vin, déclarant que c’est son sang versé pour la rémission des péchés. Ce geste institue un moyen par lequel les chrétiens se souviennent de son sacrifice et communient à sa vie, sa mort, et sa résurrection.

3. Les parallèles entre la manne et la Sainte Cène

  • Nourriture divine : La manne représente une nourriture physique envoyée par Dieu pour nourrir le corps, mais elle est aussi interprétée comme un signe de la provision divine spirituelle. De la même manière, la Sainte Cène est un moyen de nourrir spirituellement les croyants, en les unissant au Christ par le pain et le vin qui symbolisent son corps et son sang.
  • Pain du ciel : Dans l’Évangile selon Jean (Jean 6:31-35), Jésus compare la manne à lui-même en tant que « pain de vie ». Il dit : « Votre père a mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Ce pain-là est le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. » Jésus affirme ainsi qu’il est le « vrai pain » qui nourrit les âmes, bien plus que la manne nourrissait les corps des Israélites. En prenant part à la Sainte Cène, les croyants participent à ce « pain de vie », symbole de la vie éternelle que Jésus donne.
  • Offrande sacrée : Comme la manne était un don de Dieu au peuple d’Israël, la Sainte Cène est une offrande sacrée dans laquelle les croyants reçoivent la grâce de Dieu à travers le sacrifice de Jésus. Ce parallèle souligne l’idée que la nourriture que Dieu donne n’est pas simplement physique, mais porte aussi une dimension spirituelle, conduisant à la vie éternelle.
  • Foi et dépendance : Les Israélites devaient avoir confiance en Dieu pour la manne, chaque jour, et la recevoir par la foi. De même, les chrétiens doivent avoir foi en Jésus-Christ et recevoir le pain de la Sainte Cène comme un moyen de grâce et de communion avec lui.