F31.5 – Agonie du Christ à Gethsémani / Interprétation

De même que Suzanne prie Dieu pour que la vérité éclate, que le mensonge des vieillards se retourne contre eux et qu’elle échappe à la mort. De même Jésus prie, non pas pour échapper à la mort mais pour faire la volonté de son Père et se soumettre à la mort, pour le salut des tous les hommes.

L’ange du Seigneur apparait à Gédéon pour l’encourager à sauver Israël.
Ainsi Jésus dans la prière s’abandonne à la coupe qu’il va boire : le don de sa vie sur la croix, pour sauver l’humanité.

Le lien entre Gédéon et l’agonie de Jésus réside dans leur réponse à l’appel divin, leur lutte contre les forces du mal, et la victoire obtenue à travers la soumission à la volonté de Dieu, même dans la faiblesse apparente et la souffrance. Tous deux illustrent le paradoxe chrétien selon lequel, dans la faiblesse humaine, Dieu manifeste sa puissance et sa rédemption pour son peuple.

Le lien entre Gédéon appelé par l’ange dans l’Ancien Testament et l’agonie de Jésus dans le Nouveau Testament repose sur plusieurs aspects théologiques et symboliques. Bien qu’ils se situent dans des contextes très différents (l’Ancien Testament pour Gédéon et le Nouveau Testament pour Jésus), il existe des parallèles intéressants qui illustrent des thèmes communs, notamment la confiance en Dieu, la lutte contre le mal, la soumission à la volonté divine, et la transformation à travers la souffrance. Voici quelques éléments de comparaison :

1. La soumission à la volonté divine dans un moment de grande peur ou d’incertitude

  • Gédéon : Gédéon est appelé par l’ange de Dieu pour libérer Israël de l’oppression des Madianites (Juges 6-7). Au début, il est rempli de doutes et de peurs, se considérant comme le moins capable de cette mission. Quand l’ange le trouve, il lui dit : « L’Éternel est avec toi, vaillant héros ». Gédéon hésite, mais il finit par accepter la mission, bien que sa confiance en lui-même soit faible. Il demande plusieurs signes à Dieu pour être sûr que c’est bien Dieu qui l’appelle.
  • Jésus : L’agonie de Jésus dans le jardin de Gethsémané (Matthieu 26:36-46, Luc 22:39-46) est marquée par une immense lutte intérieure. Jésus, bien qu’ayant accepté la mission de sa passion, fait face à une terreur profonde et demande à Dieu de « faire passer cette coupe » de souffrance, tout en affirmant : « Que ta volonté soit faite et non la mienne ». Tout comme Gédéon, Jésus fait face à une grande peur et à une incertitude, mais il choisit finalement d’accepter la volonté divine, même si cela implique de grandes souffrances.

2. Le thème de la victoire à travers la faiblesse

  • Gédéon : Le récit de Gédéon montre comment Dieu utilise la faiblesse humaine pour accomplir de grandes choses. Avec seulement 300 hommes, Gédéon triomphe des Madianites grâce à la stratégie donnée par Dieu, prouvant que c’est Dieu qui donne la victoire, et non les forces humaines. Gédéon fait confiance à Dieu même quand la situation semble désespérée.
  • Jésus : La crucifixion de Jésus, dans sa faiblesse apparente, est en réalité la source de la victoire ultime sur le péché et la mort. À travers sa souffrance et sa mort, Jésus surmonte le mal, offrant ainsi la rédemption à l’humanité. La victoire de Jésus est une victoire paradoxale : elle survient à travers sa mort, un acte de faiblesse et de soumission, qui se révèle être la puissance de Dieu.

3. L’appel divin et la mission de sauver le peuple

  • Gédéon : L’ange de Dieu appelle Gédéon pour qu’il sauve Israël de l’oppresseur madianite. Il est choisi non pas pour sa force ou ses compétences, mais parce qu’il répond à l’appel de Dieu. Dieu veut agir à travers lui, malgré ses doutes et son humilité.
  • Jésus : De la même manière, Jésus, bien qu’il soit Dieu, accepte de se faire homme pour accomplir la mission de sauver l’humanité. L’appel divin de Jésus est clair : il doit souffrir et mourir pour la rédemption du monde. Tout comme Gédéon, il répond à cet appel, bien que l’épreuve soit immense.

4. La lutte contre les puissances du mal

  • Gédéon : La mission de Gédéon consiste à combattre l’injustice et l’oppression, représentées par les Madianites. Dieu l’appelle à être un instrument pour délivrer Israël du mal et de l’injustice.
  • Jésus : L’agonie de Jésus est aussi un combat contre les forces du mal. Jésus lutte spirituellement contre la tentation, le péché et la mort. Son agonie à Gethsémané représente une lutte intense avant d’affronter la croix, où il vaincra définitivement les forces du mal.

5. Le signe divin et la confirmation de l’appel

  • Gédéon : Gédéon demande plusieurs signes à Dieu pour être sûr qu’il agit selon la volonté divine (le fameux test du froment et de la laine). Dieu lui répond et le rassure, lui montrant qu’il peut avoir confiance.
  • Jésus : Jésus, avant de se rendre à sa crucifixion, cherche également à être réconforté dans sa souffrance. Dans l’agonie de Gethsémané, bien qu’il soit profondément troublé, il cherche la communion avec Dieu et il va accomplir la volonté divine.

De même qu’Ezéchias prie en proclamant que Dieu est le seul Dieu, contre les moqueries du roi d’Assour, qui s’apprête à envahir Israël; il demande à Dieu de voir et d’écouter pour intervenir contre Senakérib. De même Jésus intercède auprès de son Père pour écouter et voir sa volonté et boire la coupe qui l’attend.

Élie s’est retiré au désert pour échapper à la menace de mort de Jézabel. Il est nourri et encouragé par un ange du Seigneur.
Comme Jésus au jardin des oliviers qui veille et prie pour accepter la mort à venir et s’abandonner à son père.

Le lien entre l’épisode d’Élie nourri et encouragé par un ange et l’agonie de Jésus réside dans le thème de la souffrance humaine et divine, du soutien spirituel dans l’épreuve, et de la continuité de la mission divine malgré l’isolement et la détresse. Dans les deux cas, la présence d’un ange qui apporte réconfort et force est un symbole de l’assistance divine dans les moments de plus grande vulnérabilité.

  1. La souffrance et la solitude :
    • Élie vit un moment de grande souffrance et de découragement après la confrontation avec les prophètes de Baal et la menace de la reine Jézabel. Épuisé, il se retire dans le désert et désire la mort. Dans cet état de dépression, un ange vient le nourrir et l’encourager, lui donnant la force de poursuivre sa mission (1 Rois 19:5-8).
    • Jésus, dans son agonie au jardin de Gethsémané, traverse une épreuve de souffrance intense et d’isolement, où il lutte contre la peur et l’angoisse face à sa passion imminente. C’est à ce moment-là qu’un ange vient le réconforter et le fortifier (Luc 22:43).

Dans les deux cas, des figures divines ou célestes interviennent pour soutenir les deux hommes dans des moments de grande détresse, leur donnant la force nécessaire pour poursuivre leur chemin.

  1. Le rôle des anges :
    • Dans les deux histoires, les anges jouent un rôle de réconfort et de soutien spirituel. Ils ne retirent pas la souffrance, mais ils permettent à la personne souffrante de continuer son chemin malgré la difficulté. Pour Élie, l’ange lui donne de la nourriture pour lui redonner des forces physiques, tandis que pour Jésus, l’ange vient renforcer son esprit dans sa lutte intérieure avant la crucifixion.
  2. L’épreuve avant la mission :
    • L’agonie de Jésus dans le jardin de Gethsémané peut être vue comme une sorte d’épreuve ultime avant de mener à bien sa mission de salut, tout comme l’expérience d’Élie dans le désert avant de recommencer sa mission prophétique (après avoir reçu la nourriture et l’encouragement de l’ange, Élie reprend son ministère avec une nouvelle force).
    • Ces moments de crise marquent un tournant où, malgré l’isolement et la douleur, la mission divine se poursuit.
  3. Le thème de la tentation et de la remise en question :
    • Jésus, dans son agonie, est confronté à la tentation de fuir la souffrance et de renoncer à sa mission. Il lutte avec sa volonté humaine et divine, demandant à Dieu de « faire passer cette coupe » (Luc 22:42). Ce conflit intérieur, bien que distinct, trouve un écho dans le désespoir d’Élie qui, face à la menace de mort, se sent accablé et cherche à abandonner.
    • Dans les deux récits, il y a un moment où la force divine, par l’intermédiaire des anges, aide à surmonter cette tentation de renoncer.