44b Les disciples d’Emmaüs / Bible Ancien Testament

Pâque juive.

Ex 12,1-14

Dieu dit à Moïse et Aaron : 3 Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison [… ]

8 On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères […[

11 Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur…

14 Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez.

Vocabulaire :

 

Questions :

 

Commentaire :

La fête de la Pâque juive comporte essentiellement deux rites alimentaires différents : l’agneau rôti et les pains azymes. Il faut donc distinguer la fête familiale où l’on mangeait l’agneau, de la fête des Azymes, que l’on fête pendant une semaine au sanctuaire.

Ce méchoui nocturne a lieu à la première pleine lune de printemps, la nuit la plus claire. Elle a pris un nouveau sens avec la sortie historique du peuple hébreu de l’esclavage en Égypte.

Les paysans de Canaan avaient l’habitude, au début de la fête de la moisson des orges, de manger des pains faits à partir de grains nouveaux, et donc sans le levain venu de l’ancienne récolte ; Israël a recueilli cette fête, mais il en a changé la signification : il l’a reliée aux événements fondateurs de la sortie d’Égypte.

Ou Joseph qui se laisse reconnaître par ses frères (Gn 45).

Le serviteur souffrant

Is 53

1 Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ?
2 Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire.
3 Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
4 En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié.
5 Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.
6 Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
7 Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche.
8 Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple.
9 On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche.
10 Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
11 Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.
12 C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.

Vocabulaire :

 

Questions :

 

Commentaire :

saïe 53, souvent appelé le « chant du Serviteur souffrant », est l’un des textes les plus profonds et les plus mystérieux de l’Ancien Testament. Ce chapitre décrit un personnage appelé le « serviteur », qui souffre, est rejeté, et meurt pour les péchés des autres. Ce texte est considéré dans le christianisme comme une prophétie annonçant la Passion du Christ et, plus largement, comme une révélation du salut par la souffrance.

Voici les principaux éléments de ce passage et leur signification :

  1. Un serviteur rejeté et méprisé (versets 1-3) :
    • Le serviteur n’a « ni beauté ni éclat pour attirer nos regards » (v. 2). Il est méprisé, ignoré et considéré comme insignifiant. Cette description contraste avec l’image d’un roi puissant ou d’un chef victorieux, montrant que le Messie choisi par Dieu apparaît humble et ordinaire.
    • La souffrance et le rejet du serviteur illustrent la profonde solidarité de ce personnage avec ceux qui sont délaissés et souffrants. Le serviteur incarne un Messie paradoxal qui ne cherche pas la gloire terrestre, mais s’abaisse par amour pour l’humanité.
  2. Le serviteur porte les péchés des autres (versets 4-6) :
    • Le texte dit que le serviteur « a porté nos souffrances » et « s’est chargé de nos douleurs » (v. 4). Il est frappé et blessé « à cause de nos fautes » (v. 5), subissant la souffrance qui revient en fait aux autres. Cette idée de substitution est fondamentale dans la théologie chrétienne, où Jésus est vu comme celui qui prend sur lui les péchés du monde.
    • Ces versets développent le thème du salut par la souffrance du juste : le serviteur devient un innocent qui, par son sacrifice, apporte la guérison spirituelle et la paix aux autres. C’est le concept du salut par la souffrance vicaire (ou substitutive).
  3. Une obéissance totale au plan de Dieu (versets 7-9) :
    • Le serviteur reste silencieux face aux accusations, « comme un agneau qu’on mène à l’abattoir » (v. 7). Cette docilité exprime une obéissance parfaite et volontaire au dessein divin, sans résistance ni révolte.
    • Ce passage souligne également la pureté et l’innocence du serviteur, qui accepte sa mission de souffrance sans commettre de mal, ce qui renforce son rôle de victime expiatoire.
  4. Le triomphe final et la justification (versets 10-12) :
    • Bien que le serviteur souffre et meure, le texte annonce qu’« il prolongera ses jours » (v. 10) et qu’il verra la lumière, ce qui laisse entendre une résurrection ou un triomphe posthume. Sa mort devient une source de vie et de justification pour « les multitudes ».
    • Le serviteur est exalté par Dieu à cause de son sacrifice, recevant une récompense divine. Ce dernier acte de glorification montre que sa souffrance n’a pas été vaine, mais qu’elle a servi à accomplir un plan de salut qui dépasse sa propre vie.

Interprétations et portée théologique

Pour les chrétiens, Isaïe 53 est une prophétie messianique qui préfigure la Passion et la résurrection de Jésus-Christ, qui est perçu comme le Serviteur souffrant par excellence. Jésus est celui qui accomplit pleinement cette mission, en prenant sur lui les péchés de l’humanité et en offrant sa vie en sacrifice. La souffrance et la mort du serviteur deviennent alors les moyens par lesquels le salut, le pardon et la réconciliation sont offerts à l’humanité.

Pour le judaïsme, Isaïe 53 est souvent interprété différemment : le « serviteur » peut représenter le peuple d’Israël lui-même, qui, à travers ses souffrances et ses épreuves historiques, porte un rôle de témoin et de lumière pour les nations, dans la fidélité à Dieu.

Isaïe 53 est ainsi un texte fondamental qui explore le mystère du salut à travers la souffrance et le don de soi, révélant un Dieu solidaire de la souffrance humaine et offrant la guérison et la paix au monde par le sacrifice d’un juste.